Pourquoi Jean-Michel devrait faire de l’impro

C’est qui Jean-Michel ?
Vous allez le découvrir très vite !

A priori, personne ne trouve le script de sa journée le matin au pied de sont lit. Les plus organisé(e)s d’entre nous ont certainement leur agenda bien en tête au réveil, mais PERSONNE ne sait comment va VRAIMENT se dérouler sa journée.

‍

Autrement dit, dans la vie on improvise tous les jours !
Oui mais est-ce si simple ? Notre faculté à improviser est-elle réellement une force de notre quotidien ? Y sommes-nous réellement préparés ? Pourquoi est-ce si important de savoir improviser ? Comment faire ? Jean-Michel, c’est qui ???
Assez de questions, place à quelques réponses !

Imaginons une scène assez simple, où 10 collègues prennent tour à tour la parole pour partager des idées et faire avancer leur projet commun. Jean-Michel est autour de la table. C’est bientôt son tour de s’exprimer, et il ne sait pas encore ce qu’il va dire. C’est l’angoisse !!! Il parvient à peine à se concentrer sur ce que disent ses collègues.
Ça y est, il a enfin son idée ! Il est sauvé, encore quelques minutes et il pourra prendre la parole sereinement…

C’est à ce moment précis qu’intervient le “drame”.
A votre avis, que se passe t’il ?

• Réponse A : Jean-Michel a partagé l’idée du siècle, celle-là même qui endiguera tous les problèmes du monde moderne
• Réponse B : Jean-Michel n’a pas supporté la pression et quitté la salle en courant
• Réponse C : Laure a pris la parole juste avant Jean-Michel, et le reste du groupe est allé dans son sens. Petit souci, l’idée de Jean-Michel était incohérente par rapport à celle de Laure… Il n’a donc pas pu l’exprimer et est resté bloqué
• Réponse D : Laure a pris la parole juste avant Jean-Michel, et le reste du groupe est allé dans son sens. Petit souci, l’idée de Jean-Michel était incohérente par rapport à celle de Laure…mais il ne l’a pas remarqué puisqu’il était en train de répéter mentalement son idée. Au cours de sa prise de parole, le groupe n’a donc pas compris pourquoi Jean-Michel a « ignoré » l’idée de Laure

La scène se termine généralement avec la réponse C ou la réponse D.
(Si vous étiez vous-aussi autour de la table et avez répondu A, partagez l’idée de Jean-Michel à beaucoup de monde !)

C’est bien dommage cette situation, vous ne trouvez pas ?
Jean-Michel anticipe pour préparer LA bonne idée et ne pas rester bloqué au moment de parler, et c’est précisément cela qui le met dans l’impasse !
OH MON DIEU ! Mais en fait Jean-Michel, c’est peut être nous en réalité !

Eh oui, il y a certainement au moins un soupçon de Jean-Michel en chacun de nous : soit on n’écoute pas nos interlocuteurs directs et on risque un hors-sujet, soit on les écoute, mais le débat change du tout au tout juste avant notre tour de parler, et on risque là aussi un hors-sujet. Dans les deux cas on ressent comme une petite envie de se cacher…

Mais alors comment faire ? Nous l’avons déjà dit, il s’agit de s’autoriser à improviser ! Il y a deux secrets.

1. Soigner sa relation aux autres

Dans une relation quelle qu’elle soit, il est très compliqué d’être vraiment à l’écoute de l’autre. Ah bon ?
Nous avons tendance à vouloir répondre quand on écoute quelqu’un. Ces réponses peuvent ne pas être exprimées et gardées à l’intérieur, mais elles sont déjà en train d’être élaborées et évaluées par notre cerveau alors que notre interlocuteur est toujours en train de parler.
C’est bien normal après tout, on le fait tous, non ? Oui, mais il y a un petit problème : notre cerveau ne peut pas émettre et recevoir en même temps. Ou alors il laisse filer beaucoup d’information au passage.
Avant de réfléchir à une réponse, mieux vaut donc s’assurer d’avoir réellement compris ce qu’exprime la personne en face de nous.
En d’autres termes, il faut écouter pour comprendre, pas pour répondre !

C’est d’autant plus compliqué que certains facteurs jouent contre nous.
Nous vivons dans un monde de sollicitations constantes (emails notifications, …), et notre capacité à nous concentrer n’a pas forcément évolué pour nous permettre d’assimiler ces informations. Nous sommes limités par nos facultés cognitives dans l’attention que nous portons aux autres.
Autre limitation : notre cerveau filtre naturellement les informations qui nous intéressent, celles qui viennent confirmer ce que l’on pense déjà. Méfions-nous donc du biais de confirmation si nous souhaitons réellement comprendre nos interlocuteurs.

Prêt(e)s pour le deuxième secret ?

2. Préférer le “Oui ET” au “Oui MAIS”

En supposant que l’on ait parfaitement compris son interlocuteur, il y a fort à parier qu’à un moment ou un autre, son idée n’ira pas dans le sens des nôtres.
Et oui ! Souvenons-nous de la réunion entre collègues… nous avions déjà une idée mûrement réfléchie en tête ! Et cette idée nous avons tendance à vouloir la défendre coûte que coûte. Là aussi c’est bien normal, après tout nous avons passé du temps à l’élaborer cette idée, il est donc compliqué d’en envisager une autre qui ne vient pas de nous !
Admettons-le, dans cette situation nous avons tendance à diminuer ou rejeter l’idée de notre interlocuteur :
“OUI, je comprends ton idée Laure, MAIS je pense plutôt qu’on devrait…”

Pourquoi ne pas au contraire la valoriser cette idée ? Après tout Laure elle aussi a mûrement réfléchi son idée.
“OUI ton idée est intéressante Laure, ET d’ailleurs cela pourrait nous permettre de….”

Lorsqu’on accepte les idées des autres, on fait naître l’innovation : on construit “à partir” de l’idée de l’autre, et non pas “à côté” ou “par-dessus”… et cela nous conduit à imaginer des solutions beaucoup plus innovantes que l’idée à laquelle on avait pensé tout seul de son coté.

Et le lien avec l’improvisation théâtrale dans tout ça ?

L’improvisation théatrale consiste à entrer sur scène sans connaitre l’histoire que l’on s’apprête à raconter au public.
Et ça se joue en équipe, et oui ! Chaque joueur doit s’appuyer sur les idées des autres joueurs pour continuer à construire l’histoire. Si un joueur tente d’imposer ses idées et imaginer l’histoire tout seul, cela ne marche pas, et le public le voit. Les joueurs doivent intégrer les idées des autres, et ils en ont même besoin ! Les idées des autres, c’est le filet de sécurité du groupe, ce qui permet de continuer le récit à coup sûr.

Les principes fondamentaux pour réussir à improviser sur une scène de théâtre sont précisément l’écoute (pour soigner sa relation aux autres) et l’acceptation des idées des autres (« OUI, ET »).

En d’autres termes, Jean-Michel pendant ses réunions est confronté à la même problématique que des joueurs de théâtre d’improvisation : il doit écouter ses collègues et intégrer leur idées pour imaginer leur projet commun.

Jean-Michel semble avoir quelques lacunes, mais bonne nouvelle : tout cela se travaille ! A travers des exercices de groupe super ludiques, il pourrait facilement prendre conscience de ses tendances naturelles à vouloir imposer ses idées sans accepter celles des autres, et surtout s’entrainer à la co-construction.
Cela demande un certain niveau de lâcher prise, et deuxième bonne nouvelle pour lui: ça se travaille aussi en impro !

En bref, chez Switch and Go, on adooooore l’improvisation théâtrale !
Allez Jean-Michel, viens…

‍